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Irrigation du côlon, tout le monde en parle !

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Partout dans le monde, depuis des millénaires, les peuples ont pratiqué le lavement. Un geste thérapeutique universel, longtemps nécessaire pour se soigner de l'intérieur. Le soin est devenu une pratique d'hygiène confidentielle, aux bienfaits méconnus. Entre le sacro-saint principe de précaution médical et le mieux-être de ceux qui ont sauté le pas, la purge divise : doit-on raisonnablement se laver les entrailles ?

« Si nous allons aux toilettes, c'est qu'il y a une raison », peut-on entendre de la bouche de la plupart des médecins lorsqu'on les interroge sur le bien-fondé du lavement. En effet, dernier organe d'un tube digestif qui démarre dès la cavité buccale avec la langue et les glandes salivaires, le côlon est chargé de transformer la nourriture en matière fécale et de l'expulser. Un système de gestion des déchets intelligent, dont la complexité n'a rien à envier au cerveau, on le sait aujourd'hui. Autrement dit, nous lancent en retour généralistes et spécialistes : pourquoi chercher à faire artificiellement ce que l'organisme est conçu pour faire naturellement ?

Si l'on ne peut qu'apprécier cette spontanée marque de confiance de la part de la médecine allopathique dans les ressources naturelles du corps humain, on reste tout de même un peu sur sa faim, tant le lavement est loin du simple effet de mode.



Le rectum, voie royale

La première description d'un lavement intestinal a été retrouvée sur un papyrus d’Égypte ancienne. On raconte que les hommes auraient copié la technique sur l'ibis, un oiseau du Nil qui s'introduit de l'eau dans le rectum grâce à son long bec, afin de drainer le sable qu'il avale en s'alimentant sur les berges. Des traces de la pratique ont été retrouvées dans tout le monde gréco-romain mais aussi en Chine, en Inde et dans l'Amérique précolombienne, où le liquide injecté n'était pas toujours de l'eau.

Dans l'ayurveda plurimillénaire, la technique appelée « basti » consiste à faire entrer une huile tiède, censée lubrifier et nourrir le côlon, favorisant son travail d'évacuation. Les Mayas, eux, utilisaient une préparation à base de vin fermenté pour atteindre des états de conscience modifiés.

À partir du Moyen Âge, le lavement devient très populaire en France. On nomme alors « clystère » le procédé ainsi que son instrument : une seringue en étain, à entonnoir puis à piston. Au XVIIe siècle, il est de bon ton de se faire purger au moins une fois par jour, pour évacuer les humeurs. Louis XIII aurait reçu 215 lavements au cours d'une année. Richelieu et Voltaire auraient été de grands amateurs de clystères d'opiacés. Molière tournera même le sujet en dérision dans son Malade imaginaire. Au XVIIIe siècle, les médecins anglais n'hésitent pas à injecter par voie rectale de la vapeur de tabac aux malades du choléra. L’Église commence à s'indigner. L'invention de la seringue hypodermique puis intraveineuse à la fin du XIXe siècle révolutionne les pratiques médicales, et relègue la voie anale au domaine du sale.

De nos jours, le lavement thérapeutique est pratiqué à l'hôpital en cas de constipation lourde, de fécalome ou en pré-opératoire, lorsque les solutions laxatives n'ont pas été efficaces.


Douche électrique

On l'aura compris, le lavement moderne est désormais synonyme d'urgence. Pourtant, il est encore pratiqué à des fins hygiéniques et connaît même un regain d'intérêt en France, en Suisse, en Allemagne et au Canada. Pour ses adeptes, aller aux toilettes régulièrement n'est pas un critère de santé intestinale suffisant. La couleur des selles ou la difficulté d'expulsion renseignent tout autant sur le niveau de toxines.

L'hydrothérapie ou irrigation côlonique consiste à introduire dans le rectum de l'eau pour nettoyer tout le gros intestin. Le liquide remonte le long du côlon descendant, puis du côlon transverse, et descend le côlon ascendant jusqu'à la valve iléo-caecale où se connecte l'intestin grêle, inaccessible, lui. Le but : déloger les résidus de fibres, les cellules mortes, le mucus et les selles, coincées parfois depuis de nombreuses années dans les plis et villosités de la muqueuse. Coupés de leurs sensations, bon nombre de gens ne se rendent pas compte qu'ils sont ballonnés en permanence, et beaucoup de gaz doit aussi être évacué.

Le péristaltisme naturel de l'organe fait ressortir l'eau au bout de quelques minutes, entraînant les déchets avec elle. Le procédé s'appuie sur le pouvoir conducteur de l'eau. Dans les cellules du côlon, elle contribue à augmenter la sécrétion d'électrolytes, des ions électriques responsables de la motilité intestinale. Notons que l'action des laxatifs répond à la même logique puisqu'en hydratant les selles, ils entraînent une rétention d'eau dans le côlon, qui, ainsi « chargé », va relancer le mouvement des matières vers la sortie.

Pratiquée ponctuellement, en respectant des règles d'hygiène, la méthode soutient l'activité normale du côlon et soulage les troubles fonctionnels (constipation, diarrhées, ballonnements). Le principe n'est pas contre-indiqué pour les personnes sujettes aux diarrhées, car un transit trop rapide n'est jamais que le symptôme d'un excédent que l'organisme cherche à chasser. Mais pour les pratiquants de l'irrigation, les bienfaits vont encore plus loin.


La théorie de l'auto-intoxication

Selon cette hypothèse, les résidus alimentaires qui ne sont pas évacués par les selles, et stagnent dans le colon, peuvent intoxiquer l'organisme en passant dans le sang. Conséquences : fatigue, tension nerveuse, intolérances alimentaires, constipation, diarrhées, flatulences, surpoids, douleurs articulaires...Contestée dans son existence même par la majorité des gastro-entérologues, mais brandie fièrement sur internet comme une marque de purification réussie par les adeptes du nettoyage du colon : la "plaque mucoïde", censée être un agrégat gluant de résidus intestinaux, fascine autant qu'elle horrifie (pour les curieux à l'estomac bien accroché, recherchez "mucoid plaque" sur google image).

En ciblant le côlon, l'hydrothérapie permettrait donc un nettoyage préventif, profond et stimulerait le système immunitaire en désintoxiquant l'organisme. À la clé : un gain de vitalité, une diminution du stress, un mental clair, une peau plus saine, un sentiment global de légèreté. Nettoyer le côlon soulagerait par ricochet les reins, les deux émonctoires principaux du corps. Le canal alimentaire est sans doute ce qu'il y a de plus primitif en l'homme, relié à sa dimension émotionnelle.

S'il n'est donc pas surprenant qu'un lavement destiné à alléger le côlon, espace poubelle du corps, ait des conséquences sur le bien-être physique et mental, la théorie de l'auto-intoxication est démontée par une majorité de gastro-entérologues. Ces derniers invitent à ne pas confondre l'auto-intoxication avec la translocation bactérienne, qui est le passage de certaines bactéries vers les ganglions lymphatiques, à travers la barrière intestinale. Un phénomène à l’œuvre chez certains sujets atteints de cirrhose, notamment.

En dépit de la longue histoire populaire du lavement, aucune étude ne vient étayer ses bienfaits sur la santé, tandis que l'université de Georgetown* publiait en 2011 la liste de ses dangers : nausées, vomissements, diarrhées, insuffisance rénale, perforation ou encore péritonite. Dialogue de sourds entre un corps médical réticent et des témoignages quasi unanimement enthousiastes sur les forums de partages, au point de voir se développer un véritable marché des kits à lavements sur internet.

Poires, bock à lavements, planche à fixer sur les toilettes... Intimes et économiques, les solutions d'auto-lavements, à faire chez soi, sont variées mais risquées : introduire des germes pathogènes si l'eau est de mauvaise qualité ou le matériel mal nettoyé, et habituer le colon à ne plus travailler par lui-même si le lavement est trop fréquent. Sans oublier les dérives de l'auto-médication de personnes atteintes de pathologies lourdes qui affirment compléter leur traitement par un nettoyage interne et diffusent leur protocole maison, comme les lavements au café après chaque séance de chimiothérapie, par exemple. Si la caféine possède des propriétés que certains n'hésitent pas à explorer sous forme de lavement, c'est l'isolement des utilisateurs face à des conseils non adaptés à leur terrain qui est dangereux. De plus, ces outils ne sont pas conçus pour nettoyer en profondeur. C'est le cas de la poire à lavement, qui agira au mieux sur l'ampoule rectale.



Hydrothérapeute du côlon, un savoir-faire à défaut d'une profession

Pour bénéficier au mieux du nettoyage et de la sensation d'allègement d'une irrigation côlonique, mieux vaut se tourner vers un professionnel. Pour une première raison assez simple : recevoir de l'eau dans le rectum reste toujours une aventure pour qui n'y est pas habitué. Or tout stress risque d'engendrer un mauvais vécu, donc des complications.

Après un entretien sur l'état de santé et les besoins de la personne, la séance chez un praticien habilité se déroule allongé sur le flanc. L'eau utilisée est filtrée et équilibrée en ions afin de ne pas rompre l'équilibre osmotique du colon et risquer la déshydratation. Elle est parfois additionnée de probiotiques et combinée à de la chromathérapie pour donner à l'eau un certain taux vibratoire. Température et pression se règlent en fonction du ressenti pour un volume d'eau variable allant de 3 à 4 litres, injecté façon goutte-à-goutte, durant 1 heure environ.

Un principe de double canule - l'une pour injecter, l'autre pour évacuer - fonctionne en circuit fermé, parfaitement inodore. De plus en plus sophistiqués, les appareils d'hydrothérapie actuels (coût moyen 10 000 euros) sont capables de s'arrêter s'ils détectent une contracture, psychologique ou bouchon de matière, ce qui sécurise le processus.

Votre praticien devra vous informer des contre-indications strictes : maladies inflammatoires, troubles cardiaques, hémorroïdes, chirurgie récente, grossesse... Et celles à valider avec votre médecin en fonction de votre situation : colite, diverticulite, maladie de Crohn, cancer.

Pour favoriser la circulation de l'eau dans chaque segment du gros intestin, le thérapeute procède à des massages du ventre et ne lésine pas sur la bienveillance et un savoir-être neutre, indispensable au lâcher-prise. Ne pas retenir ses sphincters en présence de quelqu'un n'étant plus inscrit en nous depuis l'enfance, la séance est une opportunité de lâcher-prise, tant sur son image que sur ce qui va en sortir.

Initialement réservée aux médecins et aux infirmières, la formation à l'irrigation côlonique est aujourd'hui accessible aux naturopathes et thérapeutes de médecines alternatives. La technique, décrite comme une rééducation fonctionnelle, n'est pas une pratique médicale. Au Canada, le métier est certifié par une corporation mais, paradoxalement, il n'est pas rare d'avoir à signer une décharge de responsabilité en début de séance. Sans cadre professionnel, les programmes de formation sont variables d'un organisme à l'autre. Un tour de France des hydrothérapeutes a débuté en 2017, mené par un centre de formation parisien pour établir une synergie des connaissances de terrain, tenter de structurer la pratique et protéger les praticiens et le grand public.



Faire le vide en soi.

Méditation, jeûne, psychothérapies... faire le vide en soi n'a jamais été aussi essentiel pour tout un chacun. Aussi, la pratique ancestrale du lavement du côlon (re)vient à point nommé pour soulager notre peur moderne de l'encrassement et poursuivre une quête hygiéniste qui tourne parfois à l'obsession.

Que l'on choisisse de tenter ou pas l'expérience de l'irrigation côlonique, nous ne saurions trop conseiller d'être au clair avec un désir de contrôle qui, dans un cas, nous ferme au soulagement simple d'un nettoyage interne raisonnablement effectué et, dans un autre, nous pousse à toujours plus de propreté, à l'image de l'orthorexie alimentaire, et coupe le corps de sa capacité à maintenir lui-même son propre équilibre. Rappelons qu'une alimentation et un mode de vie sains sont les premières clés d'une "évacuation" réussie.

*http://www.mdedge.com/jfponline/article/64413/gastroenterology/dangers-colon-cleansing

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.



 
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